mardi 20 août 2019

Interview dans le Berry Republicain du 15 aout 2019



Artisan du cuir et créateur de chaussures, Paulus partage sa vie entre Paris et Vierzon


Paulus Bolten a une spécialité : patiner les chaussures. Et depuis quatre ans, il est installé à Vierzon, où il passe la moitié de son temps. Cet artiste dans l’âme a aussi un projet de création d’un pôle artistique à Vierzon.
Musique baroque en fond sonore, cheveux mi-longs couleur poivre et sel et silhouette élégante, Paulus Bolten a tout du dandy façon Oscar Wilde. « Tout le monde me dit que je suis un dandy, mais je ne trouve pas », confie, avec modestie, ce créateur né.
Depuis quatre ans, l’homme est installé dans une maison du vieux Vierzon dans laquelle il passe la moitié du temps. L’autre moitié, il est à Paris, entre son appartement du XVIIe arrondissement et sa boutique et atelier dans le très chic XVIe.

 Paulus Bolten a une spécialité : patiner les chaussures. La patine est un vernis qui sert à harmoniser la couleur et les reflets d’un cuir. À l’origine, la patine était pratiquée sur les meubles, mais pour les chaussures, elle est née avec Olga Berluti, créatrice des souliers du même nom.



Une technique que Paulus Bolten a appris seul « car chacun garde ses petits secrets ». Il y a quinze ans, après diverses activités professionnelles, Paulus Bolten décide de devenir cireur de chaussures. Mais pas n’importe lesquelles, car il a le goût des belles choses. « Un goût hérité de mon grand-père et de mon père qui était un vrai dandy hollandais. Et enfant, je cirais les chaussures de mon père et fabriquais des chaussures à partir de chaussons. Mais ces souvenirs me sont revenus tardivement. »
Du coup, à la cinquantaine (il a aujourd’hui 64 ans, NDLR), Paulus Bolten se lance dans le cirage de chaussures. « Je travaillais avec des cordonniers. Puis, j’ai appris à glacer les chaussures et enfin la patine avec les chaussures Berluti. Je trouvais ça magnifique. »

Le créateur a un projet de pôle artistique en ville

De la patine à la création de ses proches chaussures, il n’y a qu’un pas. Paulus Bolten se lance et imagine, dessine et patine ses propres chaussures et utilise son nom comme marque. « La fabrication, ce n’est pas moi. »



Les chaussures ont des formes quelque peu inhabituelles, avec des rétrécissements, des enfoncements, qu’on ne trouve pas ailleurs. Les semelles sont toutes rouges, rappelant aussi une marque très connue. « Je suis un artiste pour mes chaussures, je me fais plaisir. » Un plaisir qui fait le bonheur de clients russes, anglais, irlandais, américains, ou encore australiens, « mais très peu en France ». Richelieus, mocassins, derbys font partie de ses cinq formes imaginées et des quarante modèles différents proposés. « Je ne fais pas encore de bottines. »
 
Paulus Bolten se lance également dans la création de vêtements. « C’est une suite logique », précise l’artisan-créateur.
« À Paris, j’ai un tout petit atelier. Ici, j’ai plus d’espace et je peux réaliser de grandes pièces comme un canapé ou encore les pièces en cuir d’un side-car. Je les fais envoyer directement à Vierzon, ville où je me sens bien et où je peux travailler tranquillement. »
Mais la patine reste sa principale activité. Dans son atelier vierzonnais, des pièces de cuir souillées par les couleurs recouvrent sa table de travail sur laquelle de nombreuses chaussures, sacs, vêtements et grosses pièces en cuir passent. « À Paris, j’ai un tout petit atelier. Ici, j’ai plus d’espace et je peux réaliser de grandes pièces comme un canapé ou encore les pièces en cuir d’un side-car. Je les fais envoyer directement à Vierzon, ville où je me sens bien et où je peux travailler tranquillement. »

De stages de glaçage

Il propose d’ailleurs des stages de glaçage à Vierzon et travaille sur un nouveau projet en ville : ouvrir un pôle artistique, dans lequel se mélangeraient des artistes locaux et parisiens. « Des expositions seraient organisées, des ateliers proposés. Je souhaite créer un lieu où chacun pourra y trouver son compte par rapport à la création artistique : peinture, sculpture, photographie, cinéma, art de la cuisine, musique, etc. Je veux attirer des gens à Vierzon, et notamment des artistes parisiens. Avec le train, Vierzon est aux portes de Paris », explique Paulus Bolten.
L’homme vient d’acquérir un bâtiment, « mais je dois récupérer les clés et ensuite je vais lancer des travaux. Mais je compte ouvrir ce pôle artistique rapidement. C’est un projet qui me tient à cœur. » 
Yassine Azoug
yassine.azoug@centrefrance.com





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