Artisan du cuir et créateur de chaussures, Paulus partage sa vie entre Paris et Vierzon
Paulus Bolten a une spécialité : patiner les chaussures. Et depuis quatre ans, il est installé à Vierzon, où il
passe la moitié de son temps. Cet artiste dans l’âme a aussi un projet
de création d’un pôle artistique à Vierzon.
Musique baroque en fond sonore, cheveux mi-longs couleur
poivre et sel et silhouette élégante, Paulus Bolten a tout du dandy
façon Oscar Wilde. « Tout le monde me dit que je suis un dandy, mais je
ne trouve pas », confie, avec modestie, ce créateur né.
Depuis quatre ans, l’homme est installé dans une
maison du vieux Vierzon dans laquelle il passe la moitié du temps.
L’autre moitié, il est à Paris, entre son appartement du XVIIe
arrondissement et sa boutique et atelier dans le très chic XVIe.
Paulus Bolten a une spécialité : patiner les
chaussures. La patine est un vernis qui sert à harmoniser la couleur et
les reflets d’un cuir. À l’origine, la patine était pratiquée sur les
meubles, mais pour les chaussures, elle est née avec Olga Berluti,
créatrice des souliers du même nom.
Une technique que Paulus Bolten a appris seul
« car chacun garde ses petits secrets ». Il y a quinze ans, après
diverses activités professionnelles, Paulus Bolten décide de devenir
cireur de chaussures. Mais pas n’importe lesquelles, car il a le goût
des belles choses. « Un goût hérité de mon grand-père et de mon père qui
était un vrai dandy hollandais. Et enfant, je cirais les chaussures de
mon père et fabriquais des chaussures à partir de chaussons. Mais ces
souvenirs me sont revenus tardivement. »
Du coup, à la cinquantaine (il a aujourd’hui
64 ans, NDLR), Paulus Bolten se lance dans le cirage de chaussures. « Je
travaillais avec des cordonniers. Puis, j’ai appris à glacer les
chaussures et enfin la patine avec les chaussures Berluti. Je trouvais
ça magnifique. »
Le créateur a un projet de pôle artistique en ville
Les chaussures ont des formes quelque peu
inhabituelles, avec des rétrécissements, des enfoncements, qu’on ne
trouve pas ailleurs. Les semelles sont toutes rouges, rappelant aussi
une marque très connue. « Je suis un artiste pour mes chaussures, je me
fais plaisir. » Un plaisir qui fait le bonheur de clients russes,
anglais, irlandais, américains, ou encore australiens, « mais très peu
en France ». Richelieus, mocassins, derbys font partie de ses cinq
formes imaginées et des quarante modèles différents proposés. « Je ne
fais pas encore de bottines. »
Paulus Bolten se lance également dans la création de vêtements. « C’est une suite logique », précise l’artisan-créateur.
« À Paris, j’ai un tout petit atelier. Ici, j’ai plus d’espace et je
peux réaliser de grandes pièces comme un canapé ou encore les pièces en
cuir d’un side-car. Je les fais envoyer directement à Vierzon, ville où
je me sens bien et où je peux travailler tranquillement. »
Mais la patine reste sa principale activité. Dans
son atelier vierzonnais, des pièces de cuir souillées par les couleurs
recouvrent sa table de travail sur laquelle de nombreuses chaussures,
sacs, vêtements et grosses pièces en cuir passent. « À Paris, j’ai un
tout petit atelier. Ici, j’ai plus d’espace et je peux réaliser de
grandes pièces comme un canapé ou encore les pièces en cuir d’un
side-car. Je les fais envoyer directement à Vierzon, ville où je me sens
bien et où je peux travailler tranquillement. »
De stages de glaçage
Il propose d’ailleurs des stages de glaçage à
Vierzon et travaille sur un nouveau projet en ville : ouvrir un pôle
artistique, dans lequel se mélangeraient des artistes locaux et
parisiens. « Des expositions seraient organisées, des ateliers proposés.
Je souhaite créer un lieu où chacun pourra y trouver son compte par
rapport à la création artistique : peinture, sculpture, photographie,
cinéma, art de la cuisine, musique, etc. Je veux attirer des gens à
Vierzon, et notamment des artistes parisiens. Avec le train, Vierzon est
aux portes de Paris », explique Paulus Bolten.
L’homme vient d’acquérir un bâtiment, « mais je
dois récupérer les clés et ensuite je vais lancer des travaux. Mais je
compte ouvrir ce pôle artistique rapidement. C’est un projet qui me
tient à cœur. »
Yassine Azoug
yassine.azoug@centrefrance.com
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